Vidéo-opéra pour soprano, ensemble électronique et trois projections vidéo de Fausto Romitelli et Paolo Pachini
Texte Kenka Lèkovich
2003
An Index of Metals est sans aucun doute l’une des plus grandes pièces du XXIème siècle. Avec cette pièce, Fausto Romitelli s’était promis de franchir un seuil. C’est ce dont témoigne une première intention démesurée, truffée de mots extrêmes : rave party, messe des sens, limites de la perception, transe, rite initiatique, capture, immersion, assassinat. À travers le son filtré et l’image saturée, dans des tempos lents, plombés, lourds de fatigue, où toute sonorité glisse lentement vers sa distorsion et son usure, Fausto Romitelli nous conduit aux confins de la musique contemporaine. Œuvre-limite, écrite sous l’influence du rock psychédélique et de la musique électronique, sous l’influence de Pink Floyd et Pan Sonic, An Index of Metals offre une plongée, impressionnante et vertigineuse, une immense chute visuelle et sonore dans la musicalité de notre temps. Une ode, en même temps qu’un requiem, à toute réalité sensible et palpable, dirait-on, à la matière elle-même, qu’on voit reluire et scintiller sur les trois écrans géants, danser d’absurdes ballets de molécules, et chuter finalement dans le vertige terminal d’un recycleur à déchets. Composé par Fausto Romitelli en cinquante jours à raison de quinze heures de travail par jour, durant les dernières années de sa vie, An Index of Metals marque ainsi une rupture avec la musique « pure » et l’invention d’un nouveau sublime.