C’était, pour le compositeur, la suite et la fin de sa Symphonie fantastique. Lélio ou le Retour à la vie, composé dans la foulée de cette ardente symphonie, est une œuvre hybride et puissante. Berlioz s’y livre tout entier et nous fait partager les rêves et les délires d’un artiste à jamais marqué par Shakespeare.
La relation d’Hector Berlioz à la voix est passionnelle, charnelle, exaltée, et les œuvres de jeunesse choisies par la cheffe Clelia Cafiero pour sa première rencontre avec l’Orchestre National des Pays de la Loire et avec le Chœur d’Angers Nantes Opéra en témoignent avec éloquence. On pense que Berlioz chanta la partie de basse lors de la création de Sara la baigneuse, dans sa version initiale pour quatuor vocal. Et l’on se demande à quelle cantatrice il songeait en composant Cléopâtre, troisième de ses cantates pour le Prix de Rome, et la plus survoltée. Mais l’œuvre vocale la plus étonnante de ces dernières années d’apprentissage de Berlioz est bien Lélio ou le Retour à la vie, ce « mélologue », comme le qualifie le compositeur, qui confie à un récitant visionnaire, aux solistes et au chœur le soin de conter le « retour à la vie » de l’artiste qui s’était abîmé dans le Songe d’une nuit de sabbat, à la fin de la Symphonie fantastique. Les scènes sont incroyablement contrastées, avec deux moments d’une force rare, tous deux sous le signe de Shakespeare, un Chœur d’ombres échappé de Hamlet et une impressionnante Fantaisie sur la tempête.
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