« L’être humain est un abîme, on a le vertige quand on essaye d’y voir. » Cette réplique empruntée au Woyzeck de Georg Büchner hante aussi bien qu’elle guide le travail de Célie Pauthe.
Venue au théâtre par une double admiration, pour les auteurs et pour les acteurs, elle se passionne depuis ses débuts pour cette place qu’occupe la mise en scène de théâtre. Une place de passeuse, de rêveuse, d’interprète subjective entre l’imaginaire d’un auteur – qu’il soit vivant, ou plus jeune que nous de plusieurs millénaires – et l’imaginaire créatif des acteurs.
L’une de ses premières préoccupations, dans son approche des textes, et dans le travail avec les comédiens, c’est de tenter de saisir l’épaisseur des conflits intimes qui sont en jeu, de raconter les blessures plus ou moins enfouies que les personnages charrient, de les sentir se débattre avec des affects et des désirs contradictoires et mouvants, de tenter de les suivre au plus près de leurs failles, de leurs faiblesses, de leurs manques ; c’est à partir de là, à partir de cette expérience sensible, intime, à partir de ce que l’on ressent dans sa chair que le monde se pense, ou ne se pense plus, ou autrement qu’on l’avait pensé jusque-là.
Portrait réalisé par Jérémie Szpirglas (2022)