Comment décrire la musique de Marcel Landowski ? Quelle est sa place aujourd’hui dans notre univers musical ?
Rémi Durupt : La musique de Marcel Landowski est assez peu présente sur nos scènes musicales; elle est pourtant très imagée, vibrante et sensible. Son écriture a toujours un lien fort et direct avec le sens du texte. Il a beaucoup écrit pour les scènes lyriques (La Sorcière du placard aux balais, Le ventriloque, Montségur et tant d’autres encore) et notamment des oeuvres pour choeur, univers qu’il affectionnait tout particulièrement étant très actif dans le milieu français du chant choral. Très prolifique, avec une activité intense en tant que compositeur et homme politique, il mériterait qu’on découvre davantage certaines de ses oeuvres orchestrales.
Dans La Vieille Maison, comment la musique fait-elle vivre la dimensio fantastique du conte ?
Marcel Landowski nous plonge dans un univers féérique, entre rêve et réalité, avec cet emploi tout particulier des voix d’enfants, mêlant candeur, insouciance et légèreté, avec des harmonies aux sonorités intrigantes, à la limite du mystère. Il utilise également certains modes de jeu contemporains sur les instruments qui contribuent à rendre vivant cet univers totalement onirique.
Qu’apportent ces choeurs d’enfants dans le spectacle ? Comment travaillez- vous avec les enfants ?
J’ai hâte de rencontrer et de travailler avec les maîtrises de Nantes et Angers ; c’est toujours un plaisir de sentir leurs énergies et leur motivation quant à aborder un tel répertoire. Avec la même exigence et passion qu’avec des professionnels, je vais tenter de les amener à ressentir et chanter ce que le compositeur imaginait quant à leurs interventions vocales. Ils seront rejoints à la toute fin de l’œuvre par les magnifiques voix du chœur d’Angers-Nantes Opéra, laissant place à de nouvelles couleurs liées à ce mélange de timbres de voix d’adultes et d’enfants.
Vous avez assisté Guillaume Bourgogne et Philippe Leroux pour L’Annonce faite à Marie, vous dirigez ici un ouvrage composé en 1987. Avez-vous une prédilection pour le répertoire proche de nous ? Quels sont vos opéras préférés ?
Le répertoire de la musique d’aujourd’hui m’est vraiment familier, d’une formation de percussionniste à la base, instrument résolument contemporain et évoluant naturellement dans le domaine des nouvelles écritures. C’est toujours exaltant d’aborder les créations contemporaines, toujours curieux de participer en quelque sorte à la naissance de projets «inouïs» au sens de “jamais entendus”. Le travail au côté des compositeurs et compositrices, mais aussi des metteurs et metteuses en scène m’intéresse vivement ; j’adore non seulement pouvoir apporter mon expérience dans l’interprétation d’une œuvre contemporaine mais aussi me laisser absorber par leur vision scénique nourrissant ainsi ma lecture de la pièce.
Dans cet opéra, nous sommes à mi-chemin entre répertoire et création : on peut parler de “re-création”. Angers-Nantes Opéra a en effet demandé un nouvel arrangement pour une dizaine de musiciens (transcription de Tommy Bourgeoiset Florent Senia), créant ainsi un univers sonore coloré et transparent, plus agile que l’original écrit en 1987 pour grand orchestre. Il existe donc bien une partition originale sur laquelle nous travaillons mais j’aurai la joie prochainement de découvrir et diriger la nouvelle version ! Outre cette passion pour la création, jamais je ne pourrais me passer de ce socle qui constitue notre répertoire. Pour n’en mentionner que quelques-uns, j’ai une affection toute particulière pour Salomé de Strauss, la Tétralogie de Wagner mais aussi Debussy avec Pelléas & Mélisande, ainsi que Barbe-Bleue de Bartok, sans oublier The Rake’s Progress de Stravinsky que j’ai eu la chance de diriger l’an passé ici-même. Les opéras plus récemment écrits comme ceux de Salvatore Sciarrino, Francesco Filidei et Peter Eötvös (mon mentor en direction d’orchestre) sont pour moi de belles références en sonorités contemporaines.
